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Un rameur français tire sa révérence. Un très grand rameur. L’un des personnages les plus attachants de sa génération. Stany Delayre, 30 ans, double champion du monde, trois fois médaillé d’or aux championnats d’Europe, prend sa retraite internationale. Il l’a annoncé ce dimanche 21 janvier, à l’occasion de l’assemblée générale de son club, la SN Bergerac, où il fait profession d’entraîneur.
Sa décision, Stany Delayre l’a mûrement réfléchie. Il l’explique par « une fatigue physique et mentale », après tellement d’années d’entraînement, de sacrifices personnels et d’efforts au quotidien pour « faire le poids ». Il la justifie par le besoin et l’envie de poursuivre « d’autres projets personnels et professionnels. »
« Depuis quelques années, je suis souvent blessé, dit-il. Physiquement, il devient difficile de continuer. A Bergerac, mon ancien entraîneur, Philippe Rousseau, a rejoint la mairie. Je me retrouve tout seul. On me propose de le remplacer et de prendre les rênes du club. Je veux montrer que j‘en suis capable. Dans le même temps, j’ai envie de passer plus de temps avec ma famille. Mon fils vient de fêter ses 2 ans. Avec ma compagne, on retape une maison. L’engagement nécessaire à l’aviron de haut niveau n’est pas compatible avec tout cela. »
Pour l’aviron français, la retraite de Stany Delayre marque la fin d’un chapitre. Le rameur de Bergerac quitte l’équipe de France trois mois presque jour pour jour après Jérémie Azou, son ancien partenaire en deux de couple poids léger. Ensemble, les deux complices ont écrit certaines des plus belles pages de l’aviron national. Quatrièmes aux Jeux de Londres en 2012, ils ont connu une seule défaite au cours de l’olympiade suivante, battus de 5 centièmes de seconde en finale des Mondiaux à Amsterdam en 2014, au terme d’une course disputée dans des conditions peu favorables.
La carrière de Stany Delayre impose le respect. Depuis sa médaille d’argent en quatre de couple poids léger aux Mondiaux de Karapiro en 2010, il a collectionné les performances. Citons, parmi ses titres de gloire, 5 succès consécutifs en deux de couple à la Coupe du Monde à Lucerne, un titre mondial dans la même discipline en 2015 à Aiguebelette, un autre deux ans plus tard à Sarasota, en quatre de couple poids léger.
Mais le parcours de Stany Delayre ne se résume pas à une succession de victoires. En près de dix ans de présence au plus haut niveau, il a aussi dû composer avec l’infortune et le doute. En 2013, il est victime d’un terrible accident pendant le stage terminal de l’équipe de France avant les Mondiaux à Chungju, en Corée du Sud. Son bateau est percuté par la coque du quatre sans barreur poids léger. Evacué par hélicoptère, il doit tirer un trait sur l’épreuve mondiale. Sa carrière est compromise. Mais il saura s’en relever, pour aller chercher une médaille d’argent l’année suivante aux Pays-Bas.
En 2016, les progrès du jeune Pierre Houin conduisent l’encadrement de l’équipe de France à écarter Stany Delayre du deux de couple. La décision est difficile à vivre, la déception est immense. Mais, encore une fois, il saura rebondir. Il accepte le rôle délicat de remplaçant aux Jeux de Rio 2016. Puis il met son talent et son expérience au service du quatre de couple poids léger, avec lequel il décroche une médaille d’or mondiale l’an passé en Floride.
De ces années sous le maillot de l’équipe de France, Stany Delayre retient aujourd’hui deux moments forts. « Ma médaille d’argent en 2010 aux Mondiaux de Karapiro, avec le quatre de couple poids léger, car elle a été ma première parmi l’élite, raconte-t-il. Puis ma deuxième place en skiff poids léger aux championnats de France bateaux courts en 2012. Elle m’a permis d’être associé à Jérémie Azou en deux de couple. Quelques semaines plus tard, on s’impose à Lucerne. Le début d’un parcours dont je suis aujourd’hui très fier. »
Stany Delayre ne quitte pas l’univers de l’aviron. Il devient directeur sportif de la SN Bergerac. « Et je continuerai à ramer quelques fois pour le club ». Par passion. Une passion éternelle.
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