RIO JOUR 6 : Les quatre glorieux

Que rêver de mieux ? Un soleil brillant comme un éclair, un ciel bleu taché de fins nuages, des tribunes enjouées. Et, sur l’eau, un premier bateau médaillé olympique. L’aviron français a connu, jeudi 11 août, une journée à ranger parmi les bons souvenirs de l’olympiade. Il le doit à quatre rameurs habités de la même envie de réussir, et armés de tout le talent qu’il faut pour atteindre leur cible. Thibault Colard, Guillaume Raineau, Thomas Baroukh et Franck Solforosi ont mené leur quatre de pointe sur la troisième marche du podium. Les quatre poids légers complètent un trio de médaillés où la Suisse, championne du monde, arrive en tête, le Danemark héritant de la médaille d’argent.

 

Cette médaille, la première de l’équipe de France aux Jeux de Rio, les quatre Français se savaient capables d’aller la chercher au bout des 2 000 m du parcours. Ils en avaient décroché une l’an passé aux Mondiaux à Aiguebelette. En bronze. Encore fallait-il déjouer les pièges d’un bassin secoué et d’une finale longtemps indécise. Prudents, ils ont pointé en 5ème position après 500 m de course, puis en 4ème à la moitié de la course. À l’attaque du dernier 500 m, ils avaient grimpé d’un cran. Une troisième place qu’ils ont conservée à l’arrivée. « Nous savions qu’en distançant les Italiens (finalement 4èmes), une médaille nous était promise », expliquera plus tard Thibault Colard.

 

En accompagnant Suisses et Danois sur le podium, le quatre de pointe poids léger a bouclé une matinée marquée par la présence en finale A de trois autres bateaux français. Trois finalistes olympiques malheureusement éloignés trop vite de la bataille pour les médailles. En deux sans barreur, Germain Chardin et Dorian Mortelette ont abandonné toues chances de répéter leur performance des Jeux de Londres (médaillés d’argent) par un début de course trop peu incisif. Ils ont pointé à la 6ème place de la finale pendant les trois quarts de la course, trop loin pour inquiéter les invincibles néo—zélandais Murray/Bond, sacrés champions olympiques dans un fauteuil, devant les paires sud-africaine et italienne. Les deux Français héritent de la 5ème place.

 

Même résultat pour Élodie Ravera et Hélène Lefebvre en finale A du deux de couple. Pour leur première participation aux Jeux, les deux Françaises ont tenté leur chance avec audace. Après 500 m de course, la pointe de leur coque était placée en 3ème position. Elles étaient encore en vue du podium à l’attaque du dernier quart du parcours. Elles ont finalement reculé jusqu’à la 5ème place. Logique et prévisible. Mais ce jeune bateau peut observer l’avenir avec ambition. À Rio de Janeiro, il est devenu le premier équipage féminin français invité en finale A depuis les Jeux d’Atlanta en 1996.

 

Pour Hugo Boucheron et Matthieu Androdias, la journée du 11 août 2016 est à oublier. Certes, ils ont ramé en finale A du deux de couple. En soi, une performance, surtout après moins de deux années passées dans la même coque. Mais leur parcours n’a jamais répondu à leurs attentes. Trop désunis pour espérer batailler pour les médailles, ils ont reculé inexorablement de la 3ème à la 6ème place, à distance d’un podium composé de la Croatie, la Lituanie et la Norvège. Frustrant.

 

À deux jours de la fin des régates olympiques, l’équipe de France a ouvert son compte de médailles. Sauf catastrophe, Jérémie Azou et Pierre Houin devraient l’enrichir vendredi matin au terme de la finale A du deux de couple poids léger. Les deux Français ont bouclé leur demi-finale, en début de matinée, en complétant leur série de victoires. Ils s’imposent avec autorité, mais sans n’avoir jamais pu décrocher le double américain, Konieczny/Campbell, menaçant jusqu’au bout. Analyse de leur coach, Alexis Besançon : « Gagner sa demi-finale reste la meilleure façon de préparer une finale ». Tout est dit.

 

Les deux autres bateaux français de la journée, le deux sans barreur féminin et le quatre sans barreur masculin, ont vu la porte de la finale A se refermer trop tôt. Malgré une agressivité retrouvée, Noémie Kober et Marie Le Nepvou n’ont pu glisser leur coque à l’une des trois premières places. Elles terminent 6èmes. Elles rameront en finale B. Partis prudemment, Mickaël Marteau, Théophile Onfroy, Valentin Onfroy et Benjamin Lang ont été stoppés dans leur élan par une rafale de vent de côté, au plus mauvais moment, lorsqu’ils plaçaient une attaque pour se positionner parmi les prétendants à une qualification pour la finale A. Rageant. Leur 5ème place à l’arrivée les condamne à une finale B, où ils chercheront à boucler leurs Jeux sur une bonne note.

 

Ils ont dit


Noémie Kober (deux de pointe, 6ème en demi-finale) : « Cette fois, la marche était trop haute. On a attaqué, attaqué, du début à la fin, mais les autres filles étaient plus fortes que nous. Les Jeux ne sont pas finis, il nous reste une finale B, demain, où nous allons essayer d’aller chercher un bon résultat. Aux Jeux, les huit premiers sont considérés comme des finalistes. Cette expérience restera très belle et enrichissante. J’ai appris beaucoup de choses. »

 

Marie Le Nepvou (deux de pointe, 6ème en demi-finale) : « Nous avons du résister jusqu’aux 1000 m, en attaquant, sans renoncer. Mais la course allait très vite. On doit maintenant se focaliser sur la finale B. Noémie a encore une ou deux olympiades à disputer, elle peut gagner beaucoup d’expérience à ces Jeux. En ce qui me concerne, les Jeux de Rio sont mes derniers. Je ne me vois pas repartir pour quatre ans, j’ai envie d’autre chose. Je n’ai pas encore décidé de la suite à donner à ma carrière, je veux me laisser quelques mois de réflexion. Je pourrais éventuellement continuer une ou deux saisons pour apporter mon expérience à un bateau long formé de jeunes rameuses. »

 

Pierre Houin (deux de couple poids léger, vainqueur en demi-finale) : « Dans une demi-finale, il y a tout à perdre et rien à gagner. Ça donne des courses serrées et très engagées. On s’est sentis poussés par les autres bateaux. Maintenant, il va falloir se libérer pour tout donner demain en finale. »

 

Jérémie Azou (deux de couple poids léger, vainqueur en demi-finale) : « L’état de forme monte crescendo. Nous ne sommes pas encore à 100%, ce qui a rendu la course d’aujourd’hui difficile. Il nous reste une journée pour monter encore en pression. Malgré tout, nous avons réussi une bonne course. Nos principaux adversaires, ce sont nous-mêmes. Les Jeux restent une compétition un peu différente des autres, où les surprises sont possibles. On l’a encore vu aujourd’hui, dans notre épreuve, avec l’élimination du double anglais. »

 

Benjamin Lang (quatre de pointe, 5ème en demi-finale) : « Nous voulions rester au contact jusqu’aux 1000 m. Nous y sommes parvenus. Après, nous revenons sur les Hollandais. Là, on lance, mais on prend une rafale et on s’arrête. On relance, on s’arrête encore. Sur la fin, nous n’étions plus dans le coup. Avec ces conditions, les chances n’étaient pas tout à fait les mêmes pour tout le monde. Ça me laisse de l’amertume, même si je ne veux pas nous chercher d’excuse. Nous aurions dû être meilleurs. La pièce était sur la tranche, elle est tombée du mauvais côté. Ces Jeux resteront une belle expérience si nous terminons sur une bonne note en finale B. »

 

Dorian Mortelette (deux sans barreur, 5ème en finale A) : « Le bassin remuait beaucoup, avec un fort vent contre. On n’a pas réussi à s’en servir. On est trop rapidement décroché par les meilleurs bateaux. En étant à l’extérieur, il fallait se placer tout de suite. On n’a pas réussi. Cette 5ème place est décevante. Nous avions déjà disputé deux finales olympiques. J’espérais boucler la troisième avec un meilleur résultat. »

 

Elodie Ravera (deux de couple, 5ème en finale A) : « Je suis très contente d’être arrivée. La compétition est terminée, mais j’ai pris du plaisir du début à la fin. On termine sans le moindre regret. Les Jeux, cette ambiance, tout cela est nouveau pour nous, mais on a réussi à rester concentrées. Nous avons beaucoup appris, pendant ces Jeux. On a réussi à faire jeu égal avec les meilleures, même si nous n’y parvenons pas encore jusqu’au bout de la course. Maintenant, les Jeux de Tokyo sont déjà présents dans un coin de ma tête. »

 

Hélène Lefebvre (deux de couple, 5ème en finale A) : « La consigne était de partir très fort. Nous l’avons fait. Mais la deuxième partie de la course a été plus compliquée. Bien sûr, on aurait préféré courir dans des conditions plus égales. Dans le premier 500 m, ça bougeait énormément. Nous étions secouées de tous les côtés. Ces Jeux étaient nos premiers, c’est toujours difficile, mais nous ne nous sommes pas laissées déborder par l’événement. »

 

Hugo Boucheron (deux de couple, 6ème en finale A) : « Une course ratée. À oublier. On est passé à côté. On s’est fait chahuter par le bassin. Mais le pire a été que nous n’avons jamais su ramer ensemble. Chacun tirait d’un côté. Une catastrophe. Du coup, quand on attaquait ça ne répondait pas. On a encore beaucoup à travailler, sur le plan individuel et surtout ensemble. »

 

Matthieu Androdias (deux de couple, 6ème en finale A) : « On est passé à travers. Pour aller chercher une médaille, il aurait fallu faire preuve de sang-froid et de solidarité. Là, c’était tout le contraire. On a dépensé beaucoup d’énergie, mais sans efficacité. En poussant deux fois plus fort, le bateau n’aurait pas été plus vite tellement notre technique était dégradée. C’est très frustrant. Je termine avec le sentiment de n’avoir pas pu m’exprimer. »

 

L'info en plus


En conservant leur titre olympique, les Néo-Zélandais Eric Murray et Amish Bond sont devenus la troisième paire de l’histoire double médaillée d’or aux Jeux consécutivement dans cette discipline. Ils rejoignent les Allemands de l’est Bernd et Jorg Landvoigt (1976 et 1980) et les Britanniques Steve Redgrave et Matthew Pinsent (1992 et 1996). Cette médaille d’or est la 10ème de l’histoire pour l’aviron néo-zélandais. Seul l’athlétisme a fait aussi bien pour le pays. Aucun sport ne présente un meilleur palmarès.

 

Résultats - Jeudi 11 Août


  • ½ finale du W2- : Noémie Kober et Marie Le Nepvou : 6e => Finale B
  • ½ finale du LM2x : Pierre Houin et Jérémie Azou : 1er => Finale A
  • ½ finale du M4- : Benjamin Lang, Mickaël Marteau, Valentin Onfroy et Théophile Onfroy : 5e => Finale B
  • Finale A du M2- : Germain Chardin et Dorian Mortelette : 5e 
  • Finale A du W2x : Hélène Lefebvre et Elodie Ravera-Scaramozzino : 5e 
  • Finale A du M2x : Hugo Boucheron et Matthieu Androdias : 6e 
  • Finale A du LM4- : Franck Solforosi, Thomas Baroukh, Guillaume Raineau et Thibault Colard : 3e – Médaille de bronze 

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Replays des courses du jour


 

Programme - Vendredi 12 Août


  • 14h30  / 09h30    : Finale B du deux sans barreur femme (W2-)
  • 14h40  / 09h40    : Finale B du quatre sans barreur homme (M4-)
  • 15h44  / 10h44    : Finale A du deux de couple homme PL (LM2x) 

 

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